50 nuances de nude

50 nuances de nude

Longtemps jugé bourgeois, voire légèrement ennuyeux, le beige fait son grand retour dans une version cool et sensuelle. Aussi appelé « nude », ce ton peut-être plus riche qu’il n’y parait dit bien notre besoin de sobriété, autant que notre désir de privilégier des vêtements à l’élégance intemporelle. 

Le nude comble toutes les aspirations de l’époque. En premier lieu, le désir d’une esthétique rassurante, intemporelle, capable de nous aider à surmonter les cahots du monde contemporain.

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La preuve ? Le retour mode et fracassant – si l’on peut dire – d’un minimalisme articulé autour de toutes les nuances du beige. Partout, les tons mastic, craie, sable, caramel ou corde sont les nouveaux rois de la fête. Qui l’eut (é)cru ?

On les célèbre en all over, gage de « quiet luxury », ce concept en vogue qui raconte un chic sans ostentation. Mais on les apprécie aussi, plus étonnant, sur des allures décontractées ou sporty, dans la veine des lignes près du corps proposées par Kim Kardashian au sein de sa marque Skims. Qu’il semble loin le temps où ce nude tout en simplicité était la panacée d’une certaine bourgeoisie corsetée, dont l’icône restera pour toujours feue Carolyn Bessette. Ou, dans sa version récente, une Gwyneth Paltrow assurant sa défense au tribunal, toute en camaïeu de tons crème, avec une maestria bluffante.

Mais aujourd’hui, le nude s’est démocratisé. Il se fait chaleureux et inclusif. Maison Kitsuné délivre tee-shirts et hoodies dans un beige clair rayonnant. Chez Sessùn, marque que l’on sait friande de tons terre et naturels, les pantalons souples et les robes près du corps confèrent presque un effet seconde peau. Idem chez Soeur, qui a mis depuis le début le minimalisme au coeur de son ADN, et où les robes et blouses en voile de coton jouent l’ultra-sobriété. Ba&sh propose d’impeccables costumes pantalon chocolat au lait, quand Chloé Stora transcende un blazer presque terracotta. Bref, le spectre chromatique est large. Il permet donc de mettre en valeur toutes les carnations. Et de combler toutes les aspirations de l’époque. En premier lieu, le désir d’une esthétique rassurante, intemporelle, capable de nous aider à surmonter les cahots du monde contemporain.

D’ailleurs, la mode fait en cela écho à l’univers de la décoration et le minimalisme « à la scandinave » peut ainsi se décliner chez soi et sur soi. Et puis, l’envie est à nouveau là de remettre vraiment le vêtement au centre du jeu, de le plébisciter pour ce qu’il est, une pièce bien coupée dans une matière séduisante et flatteuse. Loin des effets de manche de collections parfois plus pensées pour les réseaux sociaux que pour la vraie vie. Faut-il y voir la fin d’une certaine mode hautement « instagrammable » ? Il s’agit en tout cas, de plus en plus souvent, d’investir dans des valeurs sûres, voire refuge. D’opter pour des pièces efficaces, qui donnent tout de suite un certain cachet. Mais qui sont aussi, plus prosaïquement, facilement revendables en cas de nécessité. Le boom de la seconde main, y compris dans l’industrie du luxe, est probablement en train de rebattre quelques cartes. Car ce qu’on a envie d’acheter aujourd’hui, c’est d’une part quelque chose d’intemporel qu’on aura envie de porter longtemps. D’autre part, une pièce qu’on pourra remettre sur le marché sans difficulté. Comprendre : pas forcément la capsule/collab’ du moment, ultra-tendance mais périssable. Alors, cet avènement du beige sonnerait-il la fin des tendances ? Rien n’est moins sûr mais, avant de renouer à un moment ou à un autre avec le fluo et les paillettes, pourquoi ne pas savourer ce moment d’élégance et de simplicité ?