Cool Kids : Retour à l’enfance

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Cool Kids : Retour à l’enfance

Des couleurs pastel, des coupes régressives, des références aux dessins animés des nineties ou à des memes rigolos venus d’Internet : ces derniers temps, la mode s’offre un retour en enfance. Un bain de jouvence nostalgique et rigolo mâtiné, quand même, d’un peu de second degré.

Pour les plus jeunes, c’est une manière d’affirmer leur identité, ultra-référencée, liée à des phénomènes nés sur les réseaux sociaux.

Au printemps dernier, c’est Super Mario, le plombier iconique des jeux vidéo Nintendo, qui avait tenu la vedette et squatté les écrans, faisant affluer petits et grands au cinéma (les quadras, gamers nostalgiques, composaient le gros des troupes). Cet été, c’est une autre héroïne des enfants qui saturera l’espace visuel : comment ignorer le retour de Barbie, revue et corrigée par la très branchée réalisatrice Greta Gerwig et incarnée par l’actrice Margot Robbie ? Du rose à gogo, du kitsch en veux-tu-en-voilà… Le retour en enfance, c’est sûr, va être incontournable. D’autant que la mode célèbre aussi, de son coté, une forme d’esthétique régressive, tissée de couleurs doucereuses – pastels en tête -, de motifs kawai, de manches ballons ou de robes baby dolls… Bref, de quoi régresser en toute bonne conscience !

Les créateurs ne s’en sont d’ailleurs pas privés : chez AVNIER, on trouve des tee-shirts hommage au dessin animé japonais des années 90 « Le collège fou, fou, fou ». Elise Chalmin propose, comme à son habitude, des couleurs ludiques et des colliers smiley. American Vintage opte, plutôt, pour des prints « fruits ». Le renard de Maison Kitsuné a été re-stylisé pour être plus cartoonesque, et se retrouve apposé sur toute une gamme d’accessoires. Chez Sézane, les robes sont patineuses. Quand Manoush assume carrément d’être inspirée par l’héroïne de « La petite maison dans la prairie », Laura Ingalls, pour sa dernière collection : le summum d’une certaine fraîcheur enfantine.

Mais aussi le signe du désir de faire un léger pas de côté. De sortir des standards et des canons en vigueur. Comme le dit très bien Vincent Grégoire, responsable tendances chez NellyRodi, « la mode en ce moment, c’est un peu : deux salles, deux ambiances ».

D’un côté le « quiet luxury », le retour des classiques, l’exaltation d’une sobriété chic. De l’autre, ce courant très fort, porté par la génération Z, qui souhaite revisiter son enfance, jouer avec les codes, satisfaire sa fibre nostalgique et se lover dans un mignon flirtant parfois avec le bizarre. En tout cas, une certaine étrangeté. Dans cette veine, on pense au créateur Jeremy Scott, féru de ce décalage créatif depuis toujours – comment oublier par exemple sa collection automne-hiver 2014 pour Moschino, entièrement dédiée à « Bob l’éponge » ? Mais aussi à JW Anderson qui, chez Loewe, développe depuis plusieurs saisons un univers surréaliste autant que poétique. Ou à Daniel Roseberry qui a relancé la maison Schiaparelli en jouant aussi, à fond, cette carte-là. Tout cela arrive au moment où nous découvrons pleinement la puissance des images digitales créées par les Intelligences artificielles, avec tout ce que ceci suppose de créativité sans limite, de nouvelles frontières du possible, d’explosion de couleurs.

Et si cette tendance « cool kid », pétrie de culture internet et de références à la pop culture récente, était le parfait uniforme pour aborder les années IA ? Une mode, enfantine, à prendre comme un jeu.

Le décryptage de Vincent Grégoire, directeur de la prospective au sein de l’agence de conseil en stratégies NellyRodi.

« Cette tendance au mignon-bizarre, portée par la génération Z, touche les secteurs de la mode et de la décoration. C’est souvent loufoque, surréaliste, parfois « cringe » comme disent les Anglo-saxons, donc grinçant. C’est un peu la suite des lolcats d’Internet ! Pour les plus jeunes, c’est d’abord une réponse à un contexte difficile, une sorte de poésie du désespoir. Mais aussi une manière d’affirmer leur identité, ultra-référencée, liée à des phénomènes nés sur les réseaux sociaux – et donc inaccessibles aux plus âgés. Il y a presque du punk, là-dedans. En tout cas, aussi, une dimension subversive et rebelle. »

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© Avnier x le Collège Fou Fou Fou

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© Élise Chalmin

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© Maison Kitsuné

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© Manoush

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© Sézane

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© American Vintage

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Cool Kids : Retour à l’enfance

Des couleurs pastel, des coupes régressives, des références aux dessins animés des nineties ou à des memes rigolos venus d’Internet : ces derniers temps, la mode s’offre un retour en enfance. Un bain de jouvence nostalgique et rigolo mâtiné, quand même, d’un peu de second degré.

Pour les plus jeunes, c’est une manière d’affirmer leur identité, ultra-référencée, liée à des phénomènes nés sur les réseaux sociaux.

Au printemps dernier, c’est Super Mario, le plombier iconique des jeux vidéo Nintendo, qui avait tenu la vedette et squatté les écrans, faisant affluer petits et grands au cinéma (les quadras, gamers nostalgiques, composaient le gros des troupes). Cet été, c’est une autre héroïne des enfants qui saturera l’espace visuel : comment ignorer le retour de Barbie, revue et corrigée par la très branchée réalisatrice Greta Gerwig et incarnée par l’actrice Margot Robbie ? Du rose à gogo, du kitsch en veux-tu-en-voilà… Le retour en enfance, c’est sûr, va être incontournable. D’autant que la mode célèbre aussi, de son coté, une forme d’esthétique régressive, tissée de couleurs doucereuses – pastels en tête -, de motifs kawai, de manches ballons ou de robes baby dolls… Bref, de quoi régresser en toute bonne conscience !

Les créateurs ne s’en sont d’ailleurs pas privés : chez AVNIER, on trouve des tee-shirts hommage au dessin animé japonais des années 90 « Le collège fou, fou, fou ». Elise Chalmin propose, comme à son habitude, des couleurs ludiques et des colliers smiley. American Vintage opte, plutôt, pour des prints « fruits ». Le renard de Maison Kitsuné a été re-stylisé pour être plus cartoonesque, et se retrouve apposé sur toute une gamme d’accessoires. Chez Sézane, les robes sont patineuses. Quand Manoush assume carrément d’être inspirée par l’héroïne de « La petite maison dans la prairie », Laura Ingalls, pour sa dernière collection : le summum d’une certaine fraîcheur enfantine.

Mais aussi le signe du désir de faire un léger pas de côté. De sortir des standards et des canons en vigueur. Comme le dit très bien Vincent Grégoire, responsable tendances chez NellyRodi, « la mode en ce moment, c’est un peu : deux salles, deux ambiances ».

D’un côté le « quiet luxury », le retour des classiques, l’exaltation d’une sobriété chic. De l’autre, ce courant très fort, porté par la génération Z, qui souhaite revisiter son enfance, jouer avec les codes, satisfaire sa fibre nostalgique et se lover dans un mignon flirtant parfois avec le bizarre. En tout cas, une certaine étrangeté. Dans cette veine, on pense au créateur Jeremy Scott, féru de ce décalage créatif depuis toujours – comment oublier par exemple sa collection automne-hiver 2014 pour Moschino, entièrement dédiée à « Bob l’éponge » ? Mais aussi à JW Anderson qui, chez Loewe, développe depuis plusieurs saisons un univers surréaliste autant que poétique. Ou à Daniel Roseberry qui a relancé la maison Schiaparelli en jouant aussi, à fond, cette carte-là. Tout cela arrive au moment où nous découvrons pleinement la puissance des images digitales créées par les Intelligences artificielles, avec tout ce que ceci suppose de créativité sans limite, de nouvelles frontières du possible, d’explosion de couleurs.

Et si cette tendance « cool kid », pétrie de culture internet et de références à la pop culture récente, était le parfait uniforme pour aborder les années IA ? Une mode, enfantine, à prendre comme un jeu.

Le décryptage de Vincent Grégoire, directeur de la prospective au sein de l’agence de conseil en stratégies NellyRodi.

« Cette tendance au mignon-bizarre, portée par la génération Z, touche les secteurs de la mode et de la décoration. C’est souvent loufoque, surréaliste, parfois « cringe » comme disent les Anglo-saxons, donc grinçant. C’est un peu la suite des lolcats d’Internet ! Pour les plus jeunes, c’est d’abord une réponse à un contexte difficile, une sorte de poésie du désespoir. Mais aussi une manière d’affirmer leur identité, ultra-référencée, liée à des phénomènes nés sur les réseaux sociaux – et donc inaccessibles aux plus âgés. Il y a presque du punk, là-dedans. En tout cas, aussi, une dimension subversive et rebelle. »

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