On passe à l’orange

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On passe à l’orange

Longtemps jugé criard et associé aux années 70, ce ton vif est de nouveau en grâce et vient réveiller nos vestiaires. Chemises, costumes-pantalons, manteaux, accessoires : il est partout. Et s’invite jusque dans nos intérieurs, lassés du scandi-chic. Décryptage d’un véritable retour de flamme.

L’orange n’est jamais avare de sa puissance ravageuse et fait son grand come-back.


Oui, ce ton pétaradant, sorti tout droit des glorieuses 70s, a enfin obtenu son ticket retour. Et ne se prive pas de rallumer la flamme. En été, bien sûr, il est absolument parfait, réchauffant les peaux hâlées, s’offrant des tons chaleureux comme des couchers de soleils ou sucrés comme un Spritz de fin de journée. Mais nul doute qu’il jouera les prolongations en automne, comme pour faire durer le plaisir. Les créateurs et marques de mode ont d’ailleurs bien compris son pouvoir hypnotique et dynamique, et le presse comme un agrume : American Vintage le conjugue en vestes, chemises ou tee-shirt. Tout comme Roseanna, qui propose son fameux tee-shirt dans ce ton chaud d’été à tendance abricot. Chez Destrée, on trouve d’impeccables costume-pantalons à assortir à son sac géométrique. Make my Lemonade l’envisage en robe ou costume, mais plutôt dans sa nuance brique. Et Rouje, que l’on pourrait presque rebaptiser Oranje, succombe à la robe moulante comme sortie d’un champ de coquelicots !

Michel Pastoureau, grand spécialiste de l’histoire des couleurs, lui consacre évidemment un chapitre dans son ouvrage Le petit livre des couleurs* : « C’est très dur d’être un vrai orange, écrit-il, une couleur qui ne bascule ni vers le jaune, ni vers le rouge, ni vers le brun ou le beige : c’est un point d’équilibre très subtil qui nécessite juste la bonne luminosité, la bonne saturation et la bonne longueur d’onde ! L’orangé est classé parmi les couleurs chaudes, mais glisse vers le marron ou le brun quand elle est moins saturée et moins lumineuse et vers le beige quand elle est lumineuse mais peu saturée. » En bref : tout un champ des possibles et un vaste terrain de jeu. Pas genré et peu usité ces derniers temps, l’orange sort du lot. Il est associé spontanément à la joie, la lumière, la bonne humeur, l’insouciance. Autant de valeurs dont on a cruellement besoin en ces temps troublés et anxiogènes.

Avec lui, ce sont les Trente glorieuses qu’on convoque, une époque d’insouciance bénie et de progrès sans entraves. Et comme dans les 70s, l’orange 2023 s’envisage de manière intégrale : sur nous et chez nous. Fauteuils Pumpkin de Pierre Paulin, tabourets Tam Tam, mobilier en plastique, lampes Nessino ou Colombo : tous ces totems de la déco années 70 reviennent en force – et pourquoi pas avec un beau mur orange en fond ? Au dernier salon Maison et Objets, un stand entier, baptisé Color power, était d’ailleurs consacré à cette couleur flash qui nous donne envie de conjurer la morosité autant que la mauvaise mine de vacances finies trop vite. Et si on craint de virer Casimir ou que l’on n’ose encore faire la révolution (orange) dans son intérieur, on peut se contenter de l’arborer en touche : un accessoire flash, une blouse vitaminée, une paire de gants en agneau…

L’orange n’est jamais avare de sa puissance ravageuse.

*avec Dominique Simonnet, ed. du Panama.

Le décryptage de Thomas Zylberman, expert mode au sein du bureau de tendances Carlin International.

« Cette saison, on observe effectivement un grand retour des couleurs improbables, dont le orange… En France, les consommatrices ont longtemps été réticentes à ce ton jugé criard, pourtant le verrou est en train de sauter ! Il y a chez nous un déterminisme culturel, qui nous pousse vers le marine, le beige, le noir comme colonne vertébrale du chic français. Mais la mondialisation et les réseaux sociaux font que notre oeil est néanmoins en train de se faire à d’autres références culturelles. Le orange ne fait pas débat dans le monde anglo-saxon, par exemple. C’est un ton relativement accessible : il est solaire, gai, insouciant, peut être porté par les hommes ou les femmes. Pour la génération X, il rappelle l’enfance. Il y a de la nostalgie dans ce revival, bien sûr, l’idée d’un âge d’or alors que nous sommes dans des années de sobriété exigée. »

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© American Vintage

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© Roseanna

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© Destrée

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© Make My Lemonade

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© Rouje

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On passe à l’orange

Longtemps jugé criard et associé aux années 70, ce ton vif est de nouveau en grâce et vient réveiller nos vestiaires. Chemises, costumes-pantalons, manteaux, accessoires : il est partout. Et s’invite jusque dans nos intérieurs, lassés du scandi-chic. Décryptage d’un véritable retour de flamme.

L’orange n’est jamais avare de sa puissance ravageuse et fait son grand come-back.


Oui, ce ton pétaradant, sorti tout droit des glorieuses 70s, a enfin obtenu son ticket retour. Et ne se prive pas de rallumer la flamme. En été, bien sûr, il est absolument parfait, réchauffant les peaux hâlées, s’offrant des tons chaleureux comme des couchers de soleils ou sucrés comme un Spritz de fin de journée. Mais nul doute qu’il jouera les prolongations en automne, comme pour faire durer le plaisir. Les créateurs et marques de mode ont d’ailleurs bien compris son pouvoir hypnotique et dynamique, et le presse comme un agrume : American Vintage le conjugue en vestes, chemises ou tee-shirt. Tout comme Roseanna, qui propose son fameux tee-shirt dans ce ton chaud d’été à tendance abricot. Chez Destrée, on trouve d’impeccables costume-pantalons à assortir à son sac géométrique. Make my Lemonade l’envisage en robe ou costume, mais plutôt dans sa nuance brique. Et Rouje, que l’on pourrait presque rebaptiser Oranje, succombe à la robe moulante comme sortie d’un champ de coquelicots !

Michel Pastoureau, grand spécialiste de l’histoire des couleurs, lui consacre évidemment un chapitre dans son ouvrage Le petit livre des couleurs* : « C’est très dur d’être un vrai orange, écrit-il, une couleur qui ne bascule ni vers le jaune, ni vers le rouge, ni vers le brun ou le beige : c’est un point d’équilibre très subtil qui nécessite juste la bonne luminosité, la bonne saturation et la bonne longueur d’onde ! L’orangé est classé parmi les couleurs chaudes, mais glisse vers le marron ou le brun quand elle est moins saturée et moins lumineuse et vers le beige quand elle est lumineuse mais peu saturée. » En bref : tout un champ des possibles et un vaste terrain de jeu. Pas genré et peu usité ces derniers temps, l’orange sort du lot. Il est associé spontanément à la joie, la lumière, la bonne humeur, l’insouciance. Autant de valeurs dont on a cruellement besoin en ces temps troublés et anxiogènes.

Avec lui, ce sont les Trente glorieuses qu’on convoque, une époque d’insouciance bénie et de progrès sans entraves. Et comme dans les 70s, l’orange 2023 s’envisage de manière intégrale : sur nous et chez nous. Fauteuils Pumpkin de Pierre Paulin, tabourets Tam Tam, mobilier en plastique, lampes Nessino ou Colombo : tous ces totems de la déco années 70 reviennent en force – et pourquoi pas avec un beau mur orange en fond ? Au dernier salon Maison et Objets, un stand entier, baptisé Color power, était d’ailleurs consacré à cette couleur flash qui nous donne envie de conjurer la morosité autant que la mauvaise mine de vacances finies trop vite. Et si on craint de virer Casimir ou que l’on n’ose encore faire la révolution (orange) dans son intérieur, on peut se contenter de l’arborer en touche : un accessoire flash, une blouse vitaminée, une paire de gants en agneau…

L’orange n’est jamais avare de sa puissance ravageuse.

*avec Dominique Simonnet, ed. du Panama.

Le décryptage de Thomas Zylberman, expert mode au sein du bureau de tendances Carlin International.

« Cette saison, on observe effectivement un grand retour des couleurs improbables, dont le orange… En France, les consommatrices ont longtemps été réticentes à ce ton jugé criard, pourtant le verrou est en train de sauter ! Il y a chez nous un déterminisme culturel, qui nous pousse vers le marine, le beige, le noir comme colonne vertébrale du chic français. Mais la mondialisation et les réseaux sociaux font que notre oeil est néanmoins en train de se faire à d’autres références culturelles. Le orange ne fait pas débat dans le monde anglo-saxon, par exemple. C’est un ton relativement accessible : il est solaire, gai, insouciant, peut être porté par les hommes ou les femmes. Pour la génération X, il rappelle l’enfance. Il y a de la nostalgie dans ce revival, bien sûr, l’idée d’un âge d’or alors que nous sommes dans des années de sobriété exigée. »

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