Robes simples, jupons, imprimés floraux, tons sobres et sabots : le fantasme de la vie à la campagne inspire nos vestiaires de saison. Décryptage.
Elles ont troqué leurs stilettos contre des sabots, leurs petits manteaux contre des parkas douillettes, leurs jeans slim contre des jupons légers.
Ces derniers mois nous ont donné, plus que jamais, envie de reconnexion à la nature. Et la mode est au diapason de ce vibrant désir de vert, de terre, d’organique. La preuve ? Il souffle comme un grand vent de terroir sur les vestiaires de la saison : les longues robes en matières brutes fleurissent (Sunday Life, Leon and Harper, Olistic, Roseanna), le crochet fait son retour, (Ines de la Fressange), les tons ocre, sienne, terracotta composent une symphonie chromatique presque géologique (Soeur, Ekyog, Polder), les imprimés floraux apportent la bonne touche hippie (Sézane, SIXSŒURS), les cols XXl et manches ballons la bonne allure rétro (Manoush, Sézane). Et chez Sessùn ou Bash, les collections s’appellent carrément « Retour à la terre » ou « Forces de la nature ». Bref, l’heure est à la partie de campagne, mais dans une version toute en simplicité et en naturel. Plus qu’une tendance passagère, c’est d’un mouvement puissant qu’il s’agit. Une aspiration profonde, qui résonne avec notre inquiétude quant aux changements climatiques, nos envies de ralentir, de favoriser l’artisanat ou de mener une vie plus en phase avec les saisons. Signe de ce courant qui se diffuse : la sortie de « Campagne. Pour un nouvel art de vivre » (éditions Flammarion), ouvrage qui encapsule à lui seul toute cette esthétique bucolique. Ses auteures, Gesa Hansen, Charlotte Huguet et Estelle Marandon, se sont installées à Barbizon, près des bois, quittant Paris et son rythme trépidant. Les trois jeunes femmes (désigner, styliste déco et journaliste) documentent ainsi dans leur livre et sur leur compte Instagram @countryfication leur existence de néo-rurales. Elles ont troqué leurs stilettos contre des sabots, leurs petits manteaux contre des parkas douillettes, leurs jeans slim contre des jupons légers. Elles se passionnent pour la vie des poules ou le cycle des floraisons, jardinent, cuisinent bio et local, télé-travaillent et finissent la journée devant un bon feu de bois… Idyllique et cliché ? Sûrement un peu. Mais néanmoins inspirant. Dans les pays anglo-saxons, on appelle d’ailleurs cette mouvance le « cottagecore », soit l’idée de vivre, de se vêtir, de se nourrir, comme si l’on habitait une charmante masure au milieu des prés. Et le hashtag qui va avec (#cottagecore) connait un succès croissant. Conclusion : à défaut de la maison en pierre, des prairies fleuries et de tous les défis qui vont aussi avec cette vie rurale, on peut commencer par opter pour une allure de néo-fermière. Des vêtements simples, solides, intemporels et qui rassurent. Que demander de plus en ces temps troublés ?
« Cette tendance est là depuis un certain temps déjà, et devrait durer car elle épouse notre aspiration à une certaine frugalité, qui passe par le fait de produire moins mais mieux, et de consommer moins mais mieux. Cette idée se retrouve dans les tons, neutres, qui caractérisent cette esthétique campagne : du beige, du corde, du ciment, du terre, du vert… Le minimalisme est de rigueur, les ornementations bannies. Les marques qui s’en emparent travaillent aussi, souvent, des fibres vertueuses – orties, lin, fibres recyclées… Les formes et les coupes des vêtements, parfois monacales si l’on pense aux robes longues, aux jupons, aux blouses bohème, raccrochent aussi ce mouvement aux courants amish ou mormon qui ont si souvent inspiré la mode. »
© Sessun
© Sessun
© Ekyog
© Leon and Harper
Robes simples, jupons, imprimés floraux, tons sobres et sabots : le fantasme de la vie à la campagne inspire nos vestiaires de saison. Décryptage.
Elles ont troqué leurs stilettos contre des sabots, leurs petits manteaux contre des parkas douillettes, leurs jeans slim contre des jupons légers.
Ces derniers mois nous ont donné, plus que jamais, envie de reconnexion à la nature. Et la mode est au diapason de ce vibrant désir de vert, de terre, d’organique. La preuve ? Il souffle comme un grand vent de terroir sur les vestiaires de la saison : les longues robes en matières brutes fleurissent (Sunday Life, Leon and Harper, Olistic, Roseanna), le crochet fait son retour, (Ines de la Fressange), les tons ocre, sienne, terracotta composent une symphonie chromatique presque géologique (Soeur, Ekyog, Polder), les imprimés floraux apportent la bonne touche hippie (Sézane, SIXSŒURS), les cols XXl et manches ballons la bonne allure rétro (Manoush, Sézane). Et chez Sessùn ou Bash, les collections s’appellent carrément « Retour à la terre » ou « Forces de la nature ». Bref, l’heure est à la partie de campagne, mais dans une version toute en simplicité et en naturel. Plus qu’une tendance passagère, c’est d’un mouvement puissant qu’il s’agit. Une aspiration profonde, qui résonne avec notre inquiétude quant aux changements climatiques, nos envies de ralentir, de favoriser l’artisanat ou de mener une vie plus en phase avec les saisons. Signe de ce courant qui se diffuse : la sortie de « Campagne. Pour un nouvel art de vivre » (éditions Flammarion), ouvrage qui encapsule à lui seul toute cette esthétique bucolique. Ses auteures, Gesa Hansen, Charlotte Huguet et Estelle Marandon, se sont installées à Barbizon, près des bois, quittant Paris et son rythme trépidant. Les trois jeunes femmes (désigner, styliste déco et journaliste) documentent ainsi dans leur livre et sur leur compte Instagram @countryfication leur existence de néo-rurales. Elles ont troqué leurs stilettos contre des sabots, leurs petits manteaux contre des parkas douillettes, leurs jeans slim contre des jupons légers. Elles se passionnent pour la vie des poules ou le cycle des floraisons, jardinent, cuisinent bio et local, télé-travaillent et finissent la journée devant un bon feu de bois… Idyllique et cliché ? Sûrement un peu. Mais néanmoins inspirant. Dans les pays anglo-saxons, on appelle d’ailleurs cette mouvance le « cottagecore », soit l’idée de vivre, de se vêtir, de se nourrir, comme si l’on habitait une charmante masure au milieu des prés. Et le hashtag qui va avec (#cottagecore) connait un succès croissant. Conclusion : à défaut de la maison en pierre, des prairies fleuries et de tous les défis qui vont aussi avec cette vie rurale, on peut commencer par opter pour une allure de néo-fermière. Des vêtements simples, solides, intemporels et qui rassurent. Que demander de plus en ces temps troublés ?
« Cette tendance est là depuis un certain temps déjà, et devrait durer car elle épouse notre aspiration à une certaine frugalité, qui passe par le fait de produire moins mais mieux, et de consommer moins mais mieux. Cette idée se retrouve dans les tons, neutres, qui caractérisent cette esthétique campagne : du beige, du corde, du ciment, du terre, du vert… Le minimalisme est de rigueur, les ornementations bannies. Les marques qui s’en emparent travaillent aussi, souvent, des fibres vertueuses – orties, lin, fibres recyclées… Les formes et les coupes des vêtements, parfois monacales si l’on pense aux robes longues, aux jupons, aux blouses bohème, raccrochent aussi ce mouvement aux courants amish ou mormon qui ont si souvent inspiré la mode. »