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Proposer des vêtements durables, vertueux, en respectant aussi l’humain tout au long de la chaine de fabrication : voilà les nouvelles exigences de maisons de mode, de plus en plus nombreuses, qui veulent mettre leurs convictions en application. Et prouver que la mode peut être compatible avec la sauvegarde de la planète. Décryptage.

Il est loin le temps du créateur solitaire et obsédé par sa vision esthétique, et elle seule. Aujourd’hui, ces créatifs sont des couteaux suisses en quête de sens, dotés d’une vision sociétale claire et engagée.

Impossible, en 2023, de lancer ou de faire vivre sa marque sans se soucier de son éco-responsabilité, des normes RSE (Responsabilités Sociétales des Entreprises), bref de son engagement comme créateur, entrepreneur et citoyen. Sensibilisés par les informations qui nous parviennent sans cesse sur le réchauffement climatique – 2022 aura d’ailleurs été l’année la plus chaude jamais enregistrée dans l’Hexagone, d’après Météo France -, les rapports alarmistes du GIEC qui se succèdent, les catastrophes naturelles ou les canicules, une jeune génération de créatifs affirment son ambition mode et vertueuse. Et prouve au jour le jour, avec humilité mais détermination, que ces deux exigences sont compatibles, même au sein de l’une des industries les plus polluantes au monde. On notera d’ailleurs qu’il est plus aisé d’être une petite structure, réactive, souple, pour embrasser ces défis, qu’un grand groupe lourd à faire évoluer, car « il est plus facile de manœuvrer un petit bateau qu’un paquebot », selon les mots de Vincent Grégoire, Directeur de la prospective au sein de l’agence de conseil en stratégies Nellyrodi.

Des exemples d’agilité ? C’est Andrea Crews, pionnière, qui depuis 2002 se démène pour proposer une mode durable et favoriser l’upcycling, soit le fait de récupérer des matériaux non utilisés pour les recycler en un vêtement ou objet de qualité. C’est la manufacture Atelier Tuffery, qui propose des jeans bios fabriqués en France depuis 1892, dans le respect de l’environnement et des hommes qui travaillent tout au long de la chaîne de production. Et puis impossible de ne pas citer les marques à succès, telles De Bonne Facture et Patine, toutes deux labellisées B Corp (qui certifie des entreprises avec un impact sociétal et environnemental positif). Chez Balzac Paris, qualifiée Société à mission*, on affiche fièrement un mantra qui à lui seul résumé l’état d’esprit de ces maisons engagées : « Ecrire ensemble un monde où le désirable est durable, et le durable désirable ». Toutes ces entités ont en commun d’être ultra-conscientes des enjeux écologiques, sociaux, identitaires, économiques.

Il est loin le temps du créateur solitaire et obsédé par sa vision esthétique, et elle seule. Aujourd’hui, ces créatifs sont des couteaux suisses en quête de sens, dotés d’une vision sociétale claire et engagée, et absolument persuadés qu’on ne peut plus rien faire comme avant : ni créer, ni produire, ni commercialiser, ni communiquer. Nombre d’entre eux travaillent en circuits courts et avec des « stocks dormants » (tissus ou matières non utilisées), gèrent leurs invendus en inventant des offres de seconde main, soignent la provenance de leurs matériaux, privilégient la qualité à la quantité et mettent en avant la durabilité et la transmission du vêtement.

Pour avancer sur ce chemin souvent ardu et semé d’embûches, ils se font épauler par des structures qui les aident à y voir plus clair. A la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, ils peuvent par exemple se tourner vers la plateforme baptisée Ressources green : ils y trouveront un concentré d’entreprises spécialisées dans le sourcing de matériaux, des cabinets de conseil RSE, des organismes de certification, etc. De quoi réussir pleinement leur mission : créer des vêtements qui donnent envie mais qui soient respectueux de la planète. Et en phase avec les aspirations d’une clientèle de plus en plus consciente, elle aussi, de cette révolution nécessaire.

 

* Née de la loi Pacte (2019), la qualité de société à mission peut être obtenue par une entreprise qui, en parallèle de la recherche du profit, souhaite œuvrer pour le bien commun en mettant au cœur de son modèle la résolution des défis sociaux et environnementaux.

+ Le point de vue de Vincent Grégoire, Directeur de la prospective au sein de l’agence de conseil en stratégies Nellyrodi.

« Aujourd’hui, les marques sont soumises à un cadre législatif contraignant (impossibilité de détruire leurs invendus, loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, etc). Et puis il y a une vraie quête de sens des Millenials et de la génération Z, un besoin d’engagement et d’affirmer une éthique, une ligne morale, des valeurs, une vision du monde. Pour réussir sur ce chemin, il faut savoir qui on est, où on veut aller, quelles sont ses forces et ses faiblesses et ce qu’on veut raconter. Avoir des convictions et s’y tenir. Il faut aussi embarquer avec soi les clients et consommateurs, ne pas être dans une approche punitive ou excluante. Le plaisir reste primordial : au-delà de sa fonction utilitaire, le vêtement doit continuer à susciter l’envie. »

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© Atelier Tuffery

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© Patine

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© Balzac Paris

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© De Bonne Facture

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Proposer des vêtements durables, vertueux, en respectant aussi l’humain tout au long de la chaine de fabrication : voilà les nouvelles exigences de maisons de mode, de plus en plus nombreuses, qui veulent mettre leurs convictions en application. Et prouver que la mode peut être compatible avec la sauvegarde de la planète. Décryptage.

Il est loin le temps du créateur solitaire et obsédé par sa vision esthétique, et elle seule. Aujourd’hui, ces créatifs sont des couteaux suisses en quête de sens, dotés d’une vision sociétale claire et engagée.

Impossible, en 2023, de lancer ou de faire vivre sa marque sans se soucier de son éco-responsabilité, des normes RSE (Responsabilités Sociétales des Entreprises), bref de son engagement comme créateur, entrepreneur et citoyen. Sensibilisés par les informations qui nous parviennent sans cesse sur le réchauffement climatique – 2022 aura d’ailleurs été l’année la plus chaude jamais enregistrée dans l’Hexagone, d’après Météo France -, les rapports alarmistes du GIEC qui se succèdent, les catastrophes naturelles ou les canicules, une jeune génération de créatifs affirment son ambition mode et vertueuse. Et prouve au jour le jour, avec humilité mais détermination, que ces deux exigences sont compatibles, même au sein de l’une des industries les plus polluantes au monde. On notera d’ailleurs qu’il est plus aisé d’être une petite structure, réactive, souple, pour embrasser ces défis, qu’un grand groupe lourd à faire évoluer, car « il est plus facile de manœuvrer un petit bateau qu’un paquebot », selon les mots de Vincent Grégoire, Directeur de la prospective au sein de l’agence de conseil en stratégies Nellyrodi.

Des exemples d’agilité ? C’est Andrea Crews, pionnière, qui depuis 2002 se démène pour proposer une mode durable et favoriser l’upcycling, soit le fait de récupérer des matériaux non utilisés pour les recycler en un vêtement ou objet de qualité. C’est la manufacture Atelier Tuffery, qui propose des jeans bios fabriqués en France depuis 1892, dans le respect de l’environnement et des hommes qui travaillent tout au long de la chaîne de production. Et puis impossible de ne pas citer les marques à succès, telles De Bonne Facture et Patine, toutes deux labellisées B Corp (qui certifie des entreprises avec un impact sociétal et environnemental positif). Chez Balzac Paris, qualifiée Société à mission*, on affiche fièrement un mantra qui à lui seul résumé l’état d’esprit de ces maisons engagées : « Ecrire ensemble un monde où le désirable est durable, et le durable désirable ». Toutes ces entités ont en commun d’être ultra-conscientes des enjeux écologiques, sociaux, identitaires, économiques.

Il est loin le temps du créateur solitaire et obsédé par sa vision esthétique, et elle seule. Aujourd’hui, ces créatifs sont des couteaux suisses en quête de sens, dotés d’une vision sociétale claire et engagée, et absolument persuadés qu’on ne peut plus rien faire comme avant : ni créer, ni produire, ni commercialiser, ni communiquer. Nombre d’entre eux travaillent en circuits courts et avec des « stocks dormants » (tissus ou matières non utilisées), gèrent leurs invendus en inventant des offres de seconde main, soignent la provenance de leurs matériaux, privilégient la qualité à la quantité et mettent en avant la durabilité et la transmission du vêtement.

Pour avancer sur ce chemin souvent ardu et semé d’embûches, ils se font épauler par des structures qui les aident à y voir plus clair. A la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, ils peuvent par exemple se tourner vers la plateforme baptisée Ressources green : ils y trouveront un concentré d’entreprises spécialisées dans le sourcing de matériaux, des cabinets de conseil RSE, des organismes de certification, etc. De quoi réussir pleinement leur mission : créer des vêtements qui donnent envie mais qui soient respectueux de la planète. Et en phase avec les aspirations d’une clientèle de plus en plus consciente, elle aussi, de cette révolution nécessaire.

 

* Née de la loi Pacte (2019), la qualité de société à mission peut être obtenue par une entreprise qui, en parallèle de la recherche du profit, souhaite œuvrer pour le bien commun en mettant au cœur de son modèle la résolution des défis sociaux et environnementaux.

+ Le point de vue de Vincent Grégoire, Directeur de la prospective au sein de l’agence de conseil en stratégies Nellyrodi.

« Aujourd’hui, les marques sont soumises à un cadre législatif contraignant (impossibilité de détruire leurs invendus, loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, etc). Et puis il y a une vraie quête de sens des Millenials et de la génération Z, un besoin d’engagement et d’affirmer une éthique, une ligne morale, des valeurs, une vision du monde. Pour réussir sur ce chemin, il faut savoir qui on est, où on veut aller, quelles sont ses forces et ses faiblesses et ce qu’on veut raconter. Avoir des convictions et s’y tenir. Il faut aussi embarquer avec soi les clients et consommateurs, ne pas être dans une approche punitive ou excluante. Le plaisir reste primordial : au-delà de sa fonction utilitaire, le vêtement doit continuer à susciter l’envie. »

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