Collections unisexes, inspirations masculin/féminin… Les marques de mode jouent à brouiller les frontières du genre. Et répondent ainsi à une demande croissante, notamment chez les plus jeunes : celle de se concentrer sur le vêtement et de s’affranchir des schémas préconçus ou des stéréotypes, quels qu’ils soient.
L’essentiel étant de pouvoir être une personne qui randonne, qui a chaud, peut courir, pédaler ou danser à sa guise. En toute liberté.
Depuis quelques saisons, la tendance unisexe gagne indéniablement du terrain. Plus encore, c’est la question du genre et des représentations traditionnelles du masculin et du féminin qui sont partout questionnées, l’industrie de la mode étant aux premières loges pour faire résonner cette formidable révolution sociétale. Sur de nombreux podiums, les mannequins femmes et hommes se mélangent allègrement sans que personne ne trouve rien à redire à ce dynamitage en règle de catégories si longtemps d’usage. Sur les tapis rouges, le chanteur Harry Styles ou l’acteur Timothée Chalamet, adeptes entre autres de la jupe, sont les visages du changement – mais on notera que les femmes n’ont pas eu besoin d’attendre 2023 pour s’emparer des codes du sexe opposé, qu’on songe à Marlene Dietrich dans les années 30 ou à Yves Saint Laurent et ses tailleur-pantalons, disruptifs pour l’époque.
Aujourd’hui, cette problématique de la fluidité des sexes, du genre, des identités, s’invite dans toutes les garde-robes. Et contribue à les réinventer. De nombreuses marques de prêt-à-porter se réclament d’ailleurs de ce mouvement visant à faire exploser les carcans, les assignations. DADA/Diane Ducasse travaille depuis ses débuts des costumes d’homme aux teintes audacieuses. De Bonne Facture assume s’inspirer des pièces emblématiques du vestiaire masculin pour offrir des vêtements intemporels. Chez Habile, la proposition est clairement unisexe. Et que dire des marques qui, depuis toujours, cultivent l’esprit utilitaire et font vivre des habits fonctionnels, ceux des marins par exemple, comme c’est le cas chez Saint James, Le Mont St Michel ou Mat de Misaine ? Marinières, cabans ou vareuses n’ont en effet pas attendus que l’air du temps les y invite pour se réclamer de cette neutralité si contemporaine.
En cela, la mode donne bien sûr un écho aux aspirations profondes des jeunes générations, ces Millenials et surtout ces Z à leur suite, qui redéfinissent les pratiques et les usages. Pour l’anthropologue Elisabeth Soulié, auteure de l’essai « La génération z aux rayons x » (éditons du Cerf), « c’est une génération qui fonctionne en « et » et non en « ou » ». Plus question, donc, d’avoir une approche segmentante, excluante. D’être ceci ou cela, de porter ceci en renonçant à cela. Bénédicte Fabien, experte en stratégies de marques et de tendances, y voit aussi, entre autres, un « effet fripes » : « dans les friperies, très fréquentées par les plus jeunes, les catégories traditionnelles sont souvent caduques. On vient chercher une veste, une chemise, un baggy… On ne vise pas une section homme ou femme. Cela influence la manière de consommer les vêtements », explique-t-elle.
Finalement, la fonction des habits ne prendrait-elle pas le pas sur tout le reste ? Au centre des préoccupations des consommateurs d’aujourd’hui, il y a le confort, la praticité. L’avènement de la tendance gorpcore ne dit pas autre chose, qui fait d’une silhouette toute en polaire, parka, treillis, chaussures de randonnée… le parangon du cool 2023 ! Dans ces conditions, la question du genre pourrait presque ne plus faire débat. L’essentiel étant de pouvoir être une personne qui randonne, qui a chaud, peut courir, pédaler ou danser à sa guise. En toute liberté.
« Cette tendance unisexe est portée par la jeune génération. Elle s’inscrit plus largement dans le courant sportswear, très puissant, et celui du workwear, qui fait passer dans les vestiaires mode des vêtements utilitaires. Dans les deux cas, on retrouve l’idée d’une certaine neutralité. Streetwear ou workwear sont destinés à apporter du confort, de l’amplitude, à favoriser le mouvement. Pour les marques émergentes, le vestiaire unisexe peut aussi permettre de se focaliser sur des collections resserrées, plus faciles à produire, et donc plus éco-responsables. Pour autant, la réalité commerciale n’est pas toujours en phase et il reste souvent difficile de se passer complètement de l’entrée « masculin » et féminin ». »
© DA/DA Diane Ducasse
© Le Mont St Michel
© Saint James
© Habile
Collections unisexes, inspirations masculin/féminin… Les marques de mode jouent à brouiller les frontières du genre. Et répondent ainsi à une demande croissante, notamment chez les plus jeunes : celle de se concentrer sur le vêtement et de s’affranchir des schémas préconçus ou des stéréotypes, quels qu’ils soient.
L’essentiel étant de pouvoir être une personne qui randonne, qui a chaud, peut courir, pédaler ou danser à sa guise. En toute liberté.
Depuis quelques saisons, la tendance unisexe gagne indéniablement du terrain. Plus encore, c’est la question du genre et des représentations traditionnelles du masculin et du féminin qui sont partout questionnées, l’industrie de la mode étant aux premières loges pour faire résonner cette formidable révolution sociétale. Sur de nombreux podiums, les mannequins femmes et hommes se mélangent allègrement sans que personne ne trouve rien à redire à ce dynamitage en règle de catégories si longtemps d’usage. Sur les tapis rouges, le chanteur Harry Styles ou l’acteur Timothée Chalamet, adeptes entre autres de la jupe, sont les visages du changement – mais on notera que les femmes n’ont pas eu besoin d’attendre 2023 pour s’emparer des codes du sexe opposé, qu’on songe à Marlene Dietrich dans les années 30 ou à Yves Saint Laurent et ses tailleur-pantalons, disruptifs pour l’époque.
Aujourd’hui, cette problématique de la fluidité des sexes, du genre, des identités, s’invite dans toutes les garde-robes. Et contribue à les réinventer. De nombreuses marques de prêt-à-porter se réclament d’ailleurs de ce mouvement visant à faire exploser les carcans, les assignations. DADA/Diane Ducasse travaille depuis ses débuts des costumes d’homme aux teintes audacieuses. De Bonne Facture assume s’inspirer des pièces emblématiques du vestiaire masculin pour offrir des vêtements intemporels. Chez Habile, la proposition est clairement unisexe. Et que dire des marques qui, depuis toujours, cultivent l’esprit utilitaire et font vivre des habits fonctionnels, ceux des marins par exemple, comme c’est le cas chez Saint James, Le Mont St Michel ou Mat de Misaine ? Marinières, cabans ou vareuses n’ont en effet pas attendus que l’air du temps les y invite pour se réclamer de cette neutralité si contemporaine.
En cela, la mode donne bien sûr un écho aux aspirations profondes des jeunes générations, ces Millenials et surtout ces Z à leur suite, qui redéfinissent les pratiques et les usages. Pour l’anthropologue Elisabeth Soulié, auteure de l’essai « La génération z aux rayons x » (éditons du Cerf), « c’est une génération qui fonctionne en « et » et non en « ou » ». Plus question, donc, d’avoir une approche segmentante, excluante. D’être ceci ou cela, de porter ceci en renonçant à cela. Bénédicte Fabien, experte en stratégies de marques et de tendances, y voit aussi, entre autres, un « effet fripes » : « dans les friperies, très fréquentées par les plus jeunes, les catégories traditionnelles sont souvent caduques. On vient chercher une veste, une chemise, un baggy… On ne vise pas une section homme ou femme. Cela influence la manière de consommer les vêtements », explique-t-elle.
Finalement, la fonction des habits ne prendrait-elle pas le pas sur tout le reste ? Au centre des préoccupations des consommateurs d’aujourd’hui, il y a le confort, la praticité. L’avènement de la tendance gorpcore ne dit pas autre chose, qui fait d’une silhouette toute en polaire, parka, treillis, chaussures de randonnée… le parangon du cool 2023 ! Dans ces conditions, la question du genre pourrait presque ne plus faire débat. L’essentiel étant de pouvoir être une personne qui randonne, qui a chaud, peut courir, pédaler ou danser à sa guise. En toute liberté.
« Cette tendance unisexe est portée par la jeune génération. Elle s’inscrit plus largement dans le courant sportswear, très puissant, et celui du workwear, qui fait passer dans les vestiaires mode des vêtements utilitaires. Dans les deux cas, on retrouve l’idée d’une certaine neutralité. Streetwear ou workwear sont destinés à apporter du confort, de l’amplitude, à favoriser le mouvement. Pour les marques émergentes, le vestiaire unisexe peut aussi permettre de se focaliser sur des collections resserrées, plus faciles à produire, et donc plus éco-responsables. Pour autant, la réalité commerciale n’est pas toujours en phase et il reste souvent difficile de se passer complètement de l’entrée « masculin » et féminin ». »